Suite à notre dîner-débat, voici donc les références des ouvrages accessibles de Paul Ricœur que j'avais évoqués, avec leur quatrième de couverture :
- Le mal – Un défi à la philosophie et à la théologie, éditions Labor et Fides (ISBN 978-2830911442)
D'où vient le mal ? D'où vient que nous fassions le mal ? Chez Paul Ricoeur, méditer le mal, c'est dire une faille. Car la liberté de l'homme est sommée d'exister devant le mal. Ce petit texte compte dans l'immense oeuvre de ce philosophe qui ne se dit pas théologien, mais dont la pensée fait volontiers quelques cousinages avec certains aspects du protestantisme. Un homme qui a pensé la vulnérabilité au mal moral avec une profondeur et une délicatesse exemplaires.
- Vivant jusqu'à la mort, éditions du Seuil, collection La couleur des idées (ISBN 978-2020925983)
Dans cette très belle méditation, un philosophe se débat avec l'espérance de survivre, tout en se trouvant dans l'impossibilité intellectuelle et spirituelle d'acquiescer à toute vision naïve d'un autre monde qui serait le monde en double, ou la copie, de ce monde-ci. Il faut faire le deuil de toute image, de toute représentation. C'est en 1996 que Paul Ricoeur, âgé de 83 ans, pose la question: "Que puis-je dire de ma mort?" Comment "faire le deuil d'un vouloir-exister après la mort" ? Cette longue réflexion sur le mourir, sur le moribond et son rapport à la mort, également sur l'après-vie (la résurrection), passe par deux médiations: des textes de survivants des camps (Semprun, Levi) et une confrontation avec un livre du grand exégète Xavier Léon-Dufour sur la résurrection. La seconde partie du livre est faire de textes écrits en 2004 et 2005, que le philosophe a lui-même appelés "fragments " (sur le "temps de l'œuvre" et le "temps de la vie", sur le hasard d'être né chrétien, sur l'imputation d'être un philosophe chrétien, sur la controverse, sur Derrida, sur le Notre Père...). Textes courts, rédigés parfois d'une main tremblante, alors qu'il est déjà très fatigué. Le dernier, de Pâques 2005, a été écrit un mois avant sa mort.Et j'ai ajouté un petit livre de poche, que j'avais oublié d'évoquer :
- Amour et Justice, éditions Points, collection Essais n°609 (ISBN 978-2757811245)
La cause est en général entendue : c'est "amour ou justice", mais non pas "amour et justice". Dans le langage courant, et même à un niveau de réflexion plus élevé, a fortiori quand les deux concepts sont présentés en conflit, il n'y a pas, il ne peut pas y avoir de ponts entre la pratique individuelle de l'amour du prochain et la pratique collective de la justice qui établit l'égalité et l'équité. Qu'on favorise l'une ou l'autre, l'insistance va à la disproportion entre amour et justice. Toute la réflexion de Paul Ricoeur tend à démontrer la proportion, les liens, la dialectique très profonde, la tension vivante et féconde entre amour et justice qui se fait jour au moment de l'action, que l'un et l'autre revendiquent. Tous deux sont pris clans une économie du don qui déborde de toute part l'éthique dont ils se veulent les figures et dont ils se sentent responsables. Une logique de la surabondance vient toujours mettre au défi, sans jamais la rendre moins nécessaire, une logique de l'équivalence. Publiée d'abord en Allemagne, en édition bilingue, cette réflexion est inédite en français. Elle est complétée par deux articles du Fonds Ricoeur sur des thèmes proches.Florence
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